L’homme d’affaires (et ses partenaires impérialistes) derrière Boulos

Un réseau d’hommes d’affaires et d’agences étrangères fait la promotion du chef du PSOL (Parti socialisme et Liberté), le bien-aimé de la bourgeoisie.

Walfrido Warde se considère comme un grand ami de Boulos – Photo : Archive personnelle/Alexandre Battibugli

Par Rui Costa Pimenta et João Caproni Pimenta

Publié sur DCO – 01/11/21 EM PORTUGUÊS

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La semaine dernière, Guilherme Boulos, dont la campagne électorale pour le gouvernement de l’État de São Paulo avec le PSOL est en cours, a présenté comme possible candidat à vice-gouverneur l’avocat Sílvio Almeida, auteur du livre Racisme Structurel.

Plusieurs personnes issues de la gauche ont questionné l’ascension fulgurante du candidat. En 2013, Boulos était encore complètement inconnu du public ; alors qu’en 2020, il est au deuxième tour des élections municipales de São Paulo, dépassant le PT (Parti des Travailleurs), qui avait pourtant été élu trois fois à la mairie de la plus grande ville du pays dans la période d’après-dictature militaire.

L’explication de ce succès est simple : Boulos a été un instrument et a profité de l’offensive putschiste qui a provoqué le coup d´état de 2016 et la fraude éléctorale de 2018.


L’aile gauche du putschisme

En 2014, Boulos surgit en tant que leader du mouvement « Il n’y aura pas de coupe ». Ce mouvement a été présenté comme une campagne de défense des intérêts populaires devant les énormes travaux prévus pour la Coupe du Monde de 2014 au Brésil, année d´élection présidentielle. Ce qui attirait déjà l’attention des plus fins observateurs de la situation politique, c’était son objectif : empêcher que la coupe du monde ait lieu au Brésil, ce qui à priori, n’avait pas de lien avec la défense des intérêts de la classe populaire. En recevant un appui clair de l’ensemble de la presse putschiste, le mouvement présentait des slogans tels que « nous voulons des hôpitaux gabarit FIFA ». La question politique était claire : Lula avait gagné une immense victoire politique en amenant la coupe du monde au Brésil, une indication* que tout pays ambitionne pour ses retombées économiques, grâce notamment à la publicité pour le pays acceuillant l´évènement, ainsi que pour le gouvernement l’ayant réalisée. 

À ce moment là, le coup d’état était déjà lancé, le premier « chapitre » étant celui du fameux jugement du « Mensalão », dans lequel les leaders du PT de premier plan tels José Dirceu (ex-Ministre de la Maison Civile) avaient été condamnés sans aucune preuve et aux moyens d’expédients frauduleux et persécuteurs. Au cours de 2012 et 2013, la presse et les partis putschistes avaient élaboré une ahurissante campagne annonçant que la coupe du monde serait un échec et que le PT était incompétent. Cette campagne avait été complétée par la mobilisation de gauche prétendant défendre le peuple face aux constructions engagées pour l´évènement. 

Le mouvement dirigé par Boulos a été soutenu par les chaînes de TV, par la chaine Globo et par toute la presse putchiste. On pouvait voir Mr Boulos devant les stades et les  « moutons » à l´intérieur, huant Dilma Rousseff lors du match d´inauguration dans une scène bien orchestrée. Dans ces années-là, ce nouveau leader est même allé dans une émission du blogueur Leonardo Sakamoto, sur la UOL, et a fait à deux reprises l´objet d´une chronique dans la Folha de São Paulo. Pour les plus inattentifs, cela pouvait paraître une nouvelle ère d´ouverture, on aurait pu dire que la presse était revenue vers une époque de démocratie et de pluralité qui ouvrait la porte à un mouvement populaire. Car, si l´on se souvient bien, c´était le temps où les médias sanctionnaient sans pitié le gouvernement Dilma et Lula. Et en mars 2014, commençait le procès du Lava Jato.

Légende : Collectif de presse du MTST (Boulos au centre), en mai 2014 au centre du “Il n´y aura pas de Coupe”



Il est fondamental de souligner que cette campagne a été orchestrée par l´impérialisme, en particulier par les agences du gouvernement nord-américain. Sur le procès du Lava Jato, la participation de ces organismes étrangers d´espionnage et de conspiration contre des gouvernements et pays opprimés n´était déjà plus un mystère. Lors de la campagne « Il n´y aura pas de coupe », plusieurs éléments l´indiquent aussi. Par exemple, des vidéos professionnelles en portugais et en anglais montrant la prétendue souffrance de la population brésilienne dûe à cet évènement et les comités populaires anti-coupe du monde financés par la fondation Ford.

Récemment, on a appris que les comités anti-coupe du monde avaient reçu au moins 30.000 reais du Fundo Brasil. Pour ceux qui ne le savent pas, le Fundo Brasil est une ONG qui fait des dons à diverses causes très justes comme celle de Boulos. La candidate à la vice-présidence de son parti, Sônia Guajajara, a elle aussi une ONG qui a reçu une belle somme d´argent, 150 mille réais pour être exact. Le Fundo Brasil, en plus de recevoir des donations de gens riches du Brésil, reçoit de l´argent venu d´autres endroits préoccupés par le pays : la fondation Ford, dont la maison mère est aux États-Unis et qui a déjà travaillé avec la CIA.

La difficile campagne médiatique a réussi à neutraliser en grande partie l´effet Coupe du Monde dans le pays. Cependant, il manquait encore quelque chose : empêcher la victoire brésilienne. Une autre campagne a donc été lancée pour destabiliser la sélection nationale de football, aboutissant à l´humiliante déroute du Brésil face à l´Allemagne (7 buts à 1). Il est bon de rappeler que les défenseurs de gauche du « Il n´y aura pas de coupe » ont été jusqu´à faire une campagne politique en faveur de la sélection allemande.

Le véritable sabotage de la Coupe du Monde au Brésil a été la troisième étape du coup d´état impérialiste, la seconde, qui avait facilité le « Il n´y aura pas de coupe », étant la saisie par la droite de manifestations pour le Pass Livre en 2013, présentées frauduleusement comme des actes contre le gouvernement fédéral par la presse et les partis putchistes.

Boulos et le coup d´état de 2016

A partir de 2015, le coup d´état devient manifeste. Le 1er mai de cette année là, sur le podium, le Parti de la Cause Ouvrière (PCO) dit clairement que la seule priorité est d´empêcher la destitution de Dilma Rousseff.

Boulos et des secteurs de gauche comme le PSOL, PSTU, PCB etc… avaient d´autres plans. Ils cherchaient un prétexte pour rallier la campagne des putchistes. Ils l´ont trouvé grâce au terne ajustement fiscal de Dilma Rousseff qui, espérant contenir le coup d´état, avait fait un arrangement avec les banquiers et nommé deux représentants du capital financier au gouvernement.

Immédiatement, Boulos redevient le porte-voix de l´aile « gauche » du coup d´État, déclarant dans la revue Samuel, que « s´il voulait être défendu dans la rue, [le gouvernement] devait devenir défendable ». La campagne de critiques envers Dilma Rousseff et son ajustement fiscal, en essayant de créer une réticence dans la gauche en relation au gouvernement, n´a pas cessé jusqu´à la chute du gouvernement.

À ce moment là, on peut dire que, si Dilma tombait, son ajustement fiscal aurait l´air d´une douce brise à côté de ce que feraient les putchistes. Cela s´est confirmé de manière catatrophique pendant le coup de Michel Temer.

Pour continuer la campagne gauchiste contre le gouvernement, Boulos élabore le dit Front Peuple sans Peur. Il avait pour but déclaré de mener à bien une forme particulière de campagne « contre » le coup, campagne organisée par Boulos et a eu le mérite de diviser la lutte contre le coup d´État et semer la confusion à l´intérieur même de la gauche.

Il faut ajouter que Boulos a été gratifié durant toute la période du coup d´État avec des articles hebdomadaires dans un des principaux journaux putchistes, la Folha de São Paulo, grâce à laquelle il a pu continuer sa politique de confusion.

La première apparition du riche mentor de Boulos

En 2020, en pleine campagne, étrangement couronnée de succès de Boulos, pour la mairie de São Paulo, la revue Veja a publié un article intitulé « Walfrido Warde, le riche ami et caporal électeur de Boulos aux Jardins ». Le plus strident organe de presse du coup d´État décrit le personnage de Walfrido comme un collègue de classe de Boulos du cours de philosophie à l´Université de São Paulo. Walrido était déjà diplômé en droit à cette époque et déjà directeur du cabinet Warde Avocats. Aujourd´hui, ce cabinet est devenu un petit palais de 1.000 mètres carrés dans le quartier Jardins.

La revue Veja décrit ainsi les clients de « l´ami » : la clientèle comprend quelques unes des plus grandes compagnies des États-Unis, de Chine et d´Israel. Interrogé sur ce qu´il pensait de cette curieuse amitié, qui d´ailleurs l´aidait à rencontrer des gens du milieu de l´entreprenariat, Boulos dit qu´il n´a pas le temps de répondre à Veja. Le PSOL dit qu´il ne voit pas de problème à ce que Boulos ait des amis riches, soulignant que Warde n´avait fait aucun don pour la campagne à ce moment là.

La revue Veja commet une petite erreur quand elle dit que les deux viennent de familles de classe moyenne. Warde n´appartenait pas à la classe moyenne quand il a rencontré Boulos et celui-ci non plus. Ses parents étaient médecin et professeur de médecine à l´USP. Le père, Marcos Boulos a même eu une clinique dans le quartier des Jardins et a été directeur de la Faculté de Médecine de l´USP, soutenu par l´ultra tucana rectrice de faculté Suely Vilela, bourreau du mouvement étudiant. Il est de notorité publique que la gauche n´a pas de directeur à l´USP, ni à la FFLCH et encore moins à la Faculté de Médecine. Le père de Boulos a aussi été indiqué pour le groupe de travail de João Doria durant la pandémie, étant un homme de confiance du PSDB. Pour en revenir au cas de Warde, l´entrepreneur a déclaré aller fréquemment chez Boulos. Récemment, les bolsonaristes ont répandu le mensonge que Guilherme Boulos possèderait un jet, ce qui, jusqu´à présent n´a pas été prouvé, mais Walfrido dévoile quelques vérités intéressantes là dessus sur Twitter : « On y va ! On continue ! j´ai invité @GuilhermeBoulos à m´accompagner hier à la réunion de l´IREE, institut que je préside et dans lequel il travaille comme chroniqueur et professeur. »

Pour en revenir au cas de Warde, l´entrepreneur a déclaré aller fréquemment chez Boulos. Récemment, les bolsonaristes ont répandu le mensonge que Guilherme Boulos possèderait un jet, ce qui, jusqu´à présent n´a pas été prouvé, mais Walfrido dévoile quelques vérités intéressantes là dessus sur Twitter : « On y va ! On continue ! j´ai invité @GuilhermeBoulos à m´accompagner hier à la réunion de l´IREE, institut que je préside et dans lequel il travaille comme chroniqueur et professeur. »

Quand on parle de « travail », on peut supposer qu´il est rémunéré. Et au fait, quel est cet IREE où Boulos donne des cours et écrit ? Comment se fait-il que personne n´ai jamais entendu parler de cela ?

IREE: l´institut le plus bizarre de la politique brésilienne

L´IREE se presente ainsi : «  l´IREE, Institut pour la Réforme des Relations entre État et Entreprise, est une organisation indépendante dont la mission est de promouvoir le débat démocratique et pluraliste, afin de perfectionner l´interaction entre les secteurs publics et privés au Brésil ». Cela n´est pas vraiment clair. L´équipe de l´institut est principalement constituée d´associés du cabinet de Ward et de gens qui y ont eu des rôles techniques. En langage courant, l´IREE serait ce qu´on appelle du Think Tank, ayant même des partenariats avec d´autres Think Tanks étrangers. Le dictionnaire d´Oxford décrit les Think Tanks comme « un corps de spécialistes fournissant des idées et des propositions sur des thèmes politiques et économiques spécifiques ».

l´IREE est divisé en plusieurs groupes de travail. Un pour le marché financier, un autre pour l´industrie, pour les droits de l´homme et même pour la défense. Nous n´allons pas débattre sur les idées présentées par les divers collègues de Boulos mais plutôt voir leurs biographies.

IREE Marché

l´IREE Marché est dirigé par l´ex-président du CVM, l´organisme public qui devrait surveiller les spéculateurs de la Bovespa, les empêcher de commettre des fraudes contre le pays dans le système financier, et réguler le bon fonctionnement de celui-ci. Ceci ne fonctionne dans aucun autre endroit au monde. Les directeurs, en général, sont bons amis avec les banquiers, comme la Banque Centrale où nous avons eu l´occasion de voir leur proximité lors du scandale révélé dans la conférence de André Esteves.

En août, l´institut a divulgé la liste des interviewés pour le mois : l´actuel président du CVM, le directeur de régulation de la Banque Centrale, le directeur-superintendant de la PREVIC (collectivité du gouvernement fiscalisant les retraites privées) et le président de la Coaf (qui fiscalise les activités financières)

IREE Industrie

En parlant d´industrie, il suffit de voir le nom du président du département : Armando Queiroz Monteiro Bisneto, avocat. C´est le fils du sénateur tucano Armando Monteiro Neto, du PSDB. Le sénateur s´y connait en industrie, il a été président de la CNI (Confédération Nationale de l´Industrie) et a voté en faveur du Plafond de Dépenses et de la réforme du travail.

IREE INFRA

À l´infrastructure, nous avons comme président du département, André Clark. Il a un MBA aux États-Unis, a été directeur de la Camargo Corrêa, une de ces entreprises que Boulos critiquait à l´époque du gouvernement Dilma. Il a aussi été CEO de Siemens Brésil, celle-là même qui a été dénoncée pour avoir une caisse noire pour le PSDB.

IREE Défense

Nous avons gardé le meilleur pour la fin. L´IREE Défense a un président et un président du conseil. Les noms sont non seulement surprenants comme dans les cas précédents, mais aussi effrayants. Le président est Raul Jungmann, ministre de la Défense sous Temer, homme de main des militaires qui avait autorisé l´utilisation des forces militaires contre les manifestants du 24 Mai 2017 contre la réforme des retraites.

L´autre est Sergio Westphalen Etchegoyen. Etchegoyen est général d´armée, il a été chef de l´état major de l´armée (le second poste dans la corporation) durant le coup d´état de 2016. Il a quitté l´armée pour intégrer le gouvernement Temer en tant que Chef de cabinet de la Sécurité Institutionnelle. Selon Intercept Brésil, il élogie la dictature. Il vient d´une famille de militaires, son grand-père était chef de la Police dans la capitale de la dictature presque fascite de l´État Nouveau. Il a ensuite été candidat à la présidence du Club Militaire, aile en contradiction avec le monopole étatique du pétrole, un intrigant. Ses fils, le Général Léo Etchegoyen et le Colonel Ciro Etchegoyen ont participé au coup d´état de 64. Durant le gouvernement Médici, le plus sanglant des gouvernements de la dictature, Léo était assistant du propre président et Ciro était chef du Comando d´Informations de l´Armée, le service d´espionnage. Léo et Ciro apparaissent dans la Commission de la Vérité, Ciro comme chef de la Maison de la Mort à Petrópolis, centre de torture clandestin durant les « années de plomb ».

Le bureau de Warde

Le bureau de Warde ne fait pas partie de l´IREE, mais plusieurs des principaux associés apparaissent comme faisant partie de l´Institut. Valdir Moysés Simão est l´un des associés les plus réputés, il a été membre de l´équipe économique de Dilma quand, pressionnée par la droite, critiquée par Boulos et essayant de se maintenir au pouvoir, elle a décidé de mettre en place son réajustement fiscal. Un autre associé, Leandro Daiello, chef de la Police Fédérale pendant presque 10 ans, précisement jusqu´au coup d´état de 2016 et au mandat d´amener de Lula. Son mandat s´est achevé fin 2017, après avoir organisé une réunion particulière avec Aécio Neves, sénateur tucano faisant l´objet d´une enquête pour corruption ; ceci montre combien ils étaient proches. Autre nom important est celui de Carlos Renato de Azevedo Pereira, ex-juge du Tribunal de Justice de São Paulo. Il occupe aujourd´hui le poste de président de la Commission d´Éthique de Football, organisme de la CBF créé pendant le gouvernement Temer.

Il y a d´autres personnes importantes qui n´apparaissent pas sur le site. Le portail internet de droite O Antagonista rapporte que l´épouse du ministre Dias Toffoli du STF fait aussi partie de ce bureau.

Le bureau de Warde est spécialisé dans les domaines suivants : 1) contentieux et arbitrage, où l´on résoud les différents de sociétés d´entreprises, souvent dans des procès décidés par le CVM déjà cité. 2) Conformité et Anti-corruption – ici ils peuvent – représente des entreprises en accord de clémence, des entrepreneurs accusés de corruption. Un bureau avec des gens importants qui ont fait partie de gouvernements, qui ont fait partie d´organismes régulateurs, qui ont ou sont en lien avec des membres du Judiciaire, des spécialistes pour soustraire de riches clients à de dures peines.

Des participants qui viennent de la gauche

Comme vous pouvez le voir, il y a dans cet institut tout ce qu´il y a de pire en politique, de grands entrepreneurs, des défenseurs de la dictature et des fils de tortionnaires. Il s´agit clairement d´une de ces nombreuses organisations de la droite putchiste nationale. Mais il y a aussi une gauche qui est là comme chroniqueur ou directeur d´un département quelconque. Guilherme Boulos ou le président du PSOL (Juliano Medeiros), y sont chroniqueurs. On y trouve aussi le professeur universitaire Alysson Mascaro, du PSOL, la militante du PSOL à l´USP, la présidente du Centre Académique de la Faculté de Droit, Leticia Chagas, la YouToubeuse et militante de la Consultattion Populaire – groupe lié au MST – et Juliane Furno, qui apparait comme Économiste Cheffe de l´Institut. Des bruits courrent qu´elle a été impliquée personnellement avec Jones Manoel et que les deux sont encore des amis proches et soutiens de Boulos. Elle a été interviewée par le président du PSOL à la veille des élections de 2020. Le président de l´IREE – Droits Humains – est Yuri Silva, militant d´une organisation du mouvement noir en lien avec le MTST. Il a posté des photos de lui participant à la campagne de rue de Boulos sur les réseaux sociaux .

Et aussi : le partenaire américain de l´IREE

L´IREE a un think tank partenaire, la Global Americans. Il se décrit comme think tank qui, « à travers son site, fournit des études actualisées et des analyses dans les domaines clés et dans des questions concernant l´Amérique Latine et les Caraibes. Son objectif est de subvenir aux besoins des législateurs et universitaires d´Amérique Latine en outils utiles à la promotion de changements, dans le sens d´une relation plus prospère entre l´Amérique Latine et les États-Unis ». En parole povere, cela signifie accentuer la prédominence impérialiste sur les pays en retard.

De nouveau, comme pour l´IREE, impossible de comprendre grand-chose si l´on ne cherche pas la fiche des personnes impliquées. Le CEO de la Gobal American est un jeune appelé Guy Mentel. Guy Mentel a une carrière académique plutôt remarquble, une carrière aux États-Unis ainsi que dans des organismes en lien avec les politiques publiques des USA. Il a été stagiaire au Département de Justice sous Obama en 2013, puis analyste dans un cabinet de droit international à Washington ayant une antenne à São Paulo. En 2016, il a été l´organisateur de la campagne d´Hillary Clinton, candidate de droite du Parti Démocrate, ex-secrétaire d´état (autrement dit secrétaire de politique impéraliste mondiale) d´Obama. Il a été stagiaire au Sénat nord-américain puis auxiliaire juridique du Département de la Défense des États-Unis et aussi correspondant législatif du Comité du Sénat , une espèce de spécialiste sur les affaires judiciaires et les affaires de l´État, plus spécialement au sous-comité des Opérations Étrangères dont le nom n´a pas besoin d´explications.

Le curriculum fourni du CEO du think tank montre une personne profondément liée à l´appareil politico-impérialiste de par son passage au Département de Défense et même au complexe industriel-militaire nord-américain. Son rôle de spécialiste dans la question d´ « Opérations Étrangères » retient aussi l´attention, ainsi que son domaine d´expertise en Amérique Latine. Le lien des États-Unis avec les coups d´état au Brésil et dans d´autres pays d´Amérique Latine est notoire, tout comme l´implication du Parti Démocrate – des sénateurs du PSDB ont été vus en grande conversation avec le secrétaire d´État, chef de la politique externe du gouvernement des USA, peu avant le coup d´État.

La Global Americans a aussi sur son site, des rapports commandités par le NED (National Endowment for Democracy) disant aider à la promotion du débat modéré en Amérique Latine, ce qui, une fois encore, mérite une traduction : promouvoir les putchistes et les agents de l´impérialisme. Par exemple, dans l´un de ces rapports, ils critiquent le Brésil de ne pas défendre, à l´unisson de l´ONU, les motions contre la Syrie. Le NED est une organisation créée par le gouvernement de Donald Reagan, un ultra-droit délateur du macartisme, pour « promouvoir la démocratie en d´autres pays ». Le gouvernement de Poutine a déclaré que le NED est une façade pour destabiliser la Russie et l´a interdit dans le pays. Le gouvernement chinois accuse le NED de travailler main dans la main avec la CIA pour destabiliser Hong-Kong et d´y avoir suscité les manifestations de 2019\2020. Les gouvernements bolivien et vénézuélien de Chávez et Maduro cherchent à sanctionner le NED et d´autres ONG pour les mêmes motifs.

Walfrido, Boulos et l´impérialisme

Walfrido est clairement une pièce maitresse dans l´acceptation de Boulos par la grande bourgeoisie brésilienne et même par le PSDB. Son entrée dans le cercle de la droite et dans la bourgeoisie est visible.

L´Estadão dit à la veille des élections, que Boulos est en train de mûrir, qu´il est une alternative pour ceux qui répudient le PT et le « Lulo-pétisme ». Il est souvent invité sur la TV Globo : lors de sa dernière apparition , aux côtés de Gleisi Hoffmann et de Marcelo Freixo, l´intention de la chaîne pour que Boulos attaque le PT était claire. Il défend le Front Ample avec le PSDB, il a défendu sous des huées récentes, Ciro Gomes. Il fait partie du frond Direitos Já, qui va de la gauche à des secteurs de droite comme Tabata Amaral, Michel Temer et Fernando Henrique Cardoso. Les médias cherchent à montrer Walfrido comme un personnage ouvrant les portes dans le milieu juridique mais, comme on le voit, son influence va au delà du milieu juridique, c´est un agent politique qui transite par la droite, par ceux qui ont fomenté le coup d´état de 2016, par les militaires et même l´impérialisme nord-américain. Cette petite recherche montre pourquoi Boulos apparait dans la revue Time comme un des principaux jeunes leaders du monde. Juan Guaidó, député fantôche des USA au Vénézuela a lui aussi été célébré par cette revue.

L´intervention de Walfrido dans les décisions politiques de Boulos est bien visible. Elle est si forte qu´on peut croire que, au delà de l´ami, du donateur, du tuteur électoral et employeur de Boulos, c´est aussi l´homme qui, derrière le rideau, tire les ficelles des actions de Boulos. Principalement dans cette campagne pour la gouvernance de l´état de São Paulo en 2022 dont la plus nette fonction a été de diviser les pétistes pour assurer une victoire de plus à l´éternel PSDB aux commandes du principal état de la fédération.

Il est notoire que le PT a une candidature viable au gouvernement en la personne de Fernand Haddad, ex maire de la ville. Il apparait ex-aequo à la première place avec l´ex-gouverneur Geraldo Alckmin. La candidature de Boulos retire 11% des voix à Haddad et Boulos se retrouve en quatrième position. Outre l´affaiblissement de la formation de Lula, il est avéré par les analystes que la division causée par Boulos pourrait laisser le PT en dehors du 2ème tour. D´ailleurs, le PSOL est déjà en train d´essayer de négocier son soutien à Lula dans la dispute pour la présidence de la république en échange du soutien du PT à Boulos. Le PT a déjà refusé. Le rôle néfaste de cette gauche aux relations pernicieuses avec la droite est pourtant visible. Des hommes de droite, comme Ciro Gomes, infiltré dans notre camp, faisant par la gauche le travail de la droite pour affaiblir le PT.

La semaine dernière, comme nous l´avons dit en début d´article, il a été publié que Boulos avait appelé l´écrivain et avocat Silvio Almeida à être son second. Almeida dit n´avoir pas encore pris sa décision, mais a rendu hommage à Boulos. La proposition avait été faite au domicile de Walfrido Warde, Almeida étant son associé. Ce serait donc une liste de deux personnes ayant des relations économiques avec la figure macabre de la police brésilienne. Ces faits, qui s´accumulent, montrent pourquoi il faut dévoiler le prétendu leader populaire comme une personne au service du coup d´État et de la politique du capital impérialiste.

légende: Warde, second de gauche à droite, et Silvio Almeida, dernier

Malgré de nombreuses tentatives pour entrer en contact avec Guilherme Boulos et Walfrido Ward tout au long de la journée et de la nuit de ce lundi 1er, nous n´avons reçu aucune réponse.

SOURCE: DIARIO CAUSA OPERARIA

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